Lettre de Béatrice Rouer

Pour Béatrice Rouer, écrire une histoire c’est un peu partir en voyage !
Elle nous fait le plaisir de nous écrire une longue lettre pour nous raconter son aventure dans l’écriture.


Bonjour les enfants,

D'habitude, je vais rencontrer les enfants dans les écoles pour leur parler de mes livres et de mon travail, mais cette fois-ci, je le fais par courrier. Cela vous donnera une idée de mon métier. 

Jamais je n'aurais osé imaginer que je deviendrais "écrivain". Cela me paraissait trop loin et difficile. Quand j'étais enfant, je pensais que tous les écrivains étaient morts depuis longtemps et qu'ils avaient été des vieilles personnes avec de longues barbes blanches.

 
 

Mais je passais mon temps à lire. Enfin, je lisais ce qui me tombait sous la main, car il n'y avait pas de bibliothèque dans la ville où j'habitais (c'était il y a longtemps). Une fois ma grand-mère m'a proposé de m'offrir un livre, et j'ai choisi le plus gros, pour qu'il me dure plus longtemps, comme si c'était un gâteau. 

 

Et maintenant encore, mon loisir préféré, c'est la lecture. Si je n'ai pas de livre à lire, c'est comme si je n'avais rien à manger. 

C'est sûrement pour cela que j'ai voulu d'abord faire des études de littérature à l'université, puis je suis entrée à l'Ecole de Journalisme de Lille, où j'ai appris, non pas à inventer des histoires, mais à raconter la vérité de la vie.

 

Moi j'aimais mieux rêver. Du coup, je me suis mise à écrire des histoires pour les enfants. Car ce qu'il y a de formidable avec les contes, c'est que vous pouvez inventer ce que vous voulez, et qui n'existe pas dans la vraie vie.

Par exemple, qu'il existe une machine pour apprendre ses leçons sans effort, ou qu'une fée vient faire la vaisselle et ranger la chambre d'un seul coup de baguette magique, ou qu'on peut voler au-dessus des villes, rien qu'avec ses bras !

Tout naturellement, en écrivant mes livres, j'ai grandi en même temps que mes enfants. J'ai commencé par des histoires pour les petits, puis l'école primaire. Et je me suis arrêtée à l'âge de 10 ans. 

J'ai toujours essayé de créer des textes rigolos, parce que je pense que l'humour est très important. C'est une manière de lutter contre les choses tristes de la vie, comme porter des couleurs vives en hiver.

 

Ces livres ne racontent pas ma propre enfance, mais plutôt, en partie, l’enfance de mes enfants. Quand j’ai commencé le premier titre de la série Laetitia, Jennifer et Olivier, T’es plus ma copine, ma fille Priscilla était en CP, sa meilleure copine s’appelait Jennifer, et son amoureux, Olivier. En plus c’était, pour de vrai, le fils de la maîtresse. Mais ma fille n’a jamais fait toutes ces bêtises.

Et maintenant, elle est devenue maîtresse à son tour, si bien que je suis devenue « la maman de la maîtresse ». Mais quand elle était petite elle m'a dit : "J'en ai marre, tu racontes ma vie, dans tes histoires !".  Et mon fils, un jour, a prévenu un de ses copains : "Fais gaffe, elle nous espionne pour ses histoires !".

 
 

Mon père, c’est le plus fort, vient d’une idée de Rosy, l'illustrateur de la série qui me suggérait de faire une histoire où des garçons font leur « crâneur ».

 
 

Pot de Colle est né dans une école où j'intervenais pour parler de mes livres. Il y avait un chien perdu qui était entré tout seul dans la cour de récré et que la directrice avait adopté et qu’elle avait baptisé « Pot de colle ».

 
 

Mais de tous mes livres, mon préféré, et le plus rigolo à mon avis, c'est Docteur Crapule qui raconte l'histoire d'une petite fille qui se retrouve avec son hamster à l'hôpital. Je voulais faire une histoire de hamster et aussi une histoire d'hôpital, et je ne trouvais pas. Jusqu'à ce matin où j'ai eu l'idée : rejoindre les deux et mettre un hamster à l'hôpital ! 

 
 

Avant d’écrire, il faut d'abord que je réfléchisse très fort à mon histoire, aux événements qui vont se passer bien sûr, mais aussi à mon héros, son caractère, son aspect physique, et aux autres personnages. Ensuite, il faut que je sache où ça se passe, et le plan de la ville, du village ou de la région.

On est en quelle année ? En 2022 ou en 1922 ? En quelle saison ? Eté ? Hiver ? Il pleut ou pas ? Il fait chaud ou non ? Comment mes personnages s'habillent-ils, qu'est-ce qu'ils savent ? Cela peut changer beaucoup de choses. Et je connais toujours la fin de l'histoire avant de commencer. Autrement, je fais n'importe quoi et mon histoire part dans tous les sens. 

 

Quand je crois que c'est fini, je me relis et je passe encore plus de temps, après, à me corriger. Il y a toujours des répétitions de mots ou des phrases mal dites.

Puis quand je suis à peu près satisfaite (on n'a jamais fini de se corriger) j’envoie mon texte à la directrice  de collection de l'éditeur, et elle décide, si oui ou non, elle va faire un livre avec mon histoire. Si c’est oui, elle me demande encore des corrections. Mais je saute de joie tellement je suis contente et je vais m'acheter des bonbons pour me récompenser. 

 

Cela fait qu’en tout, je ne sais pas combien de temps il me faut pour faire un livre, mais c’est beaucoup. Mais c'est pas grave, parce que j'adore ce que je fais. 

Chacun de mes livres, c'est comme un voyage où je pars, quand et comment, et où j'ai envie. Génial, non ?

Je vous embrasse tous très fort.

Béatrice Rouer

P.S. : Avant d'être mariée, je m'appelais Béatrice Crampon. C'est pour ça, je me "cramponne" très fort.


Un grand merci à Béatrice pour cette lettre à nos lecteurs et pour ses textes que vous pourrez retrouver dans notre bibliothèque numérique. À bientôt pour découvrir un autre auteur ou auteure !

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