L’interview de Françoise Grard

Françoise Grard accompagne Lire-Lire depuis ses débuts. Une vraie fidèle !

Autrice de renom, mais aussi sculptrice et peintre, cette artiste écrit pour les enfants et pour les adultes. La liste de tous ses titres est impressionnante !

Dans Lire-Lire nous avons la chance de proposer plus d’une dizaine de ses textes. Tu en as sûrement lu certains car il y en a pour  tous les niveaux !

Faisons connaissance avec Françoise Grard avant de retourner la lire ! 

 

Vouliez-vous devenir écrivaine quand vous étiez petite ?

Françoise Grard : La lecture a enchanté mon enfance. Les histoires formaient pour moi une seconde vie. C’est sans doute l’origine de mon envie d’écrire à mon tour.  

Pourquoi êtes-vous devenue écrivain pour la jeunesse ?

F.G. : J’ai écrit pour la jeunesse quand j’ai redécouvert la littérature qui lui est adressée aux côtés de mes trois enfants. C’était merveilleux de me replonger dans ce monde avec eux. Quand mon fils aîné était tout petit, il lui fallait tous les soirs une nouvelle histoire du « Petit Pouce » c'est-à-dire une histoire que j’inventais pour lui et dont le héros était … son pouce !

J’écris aussi pour les grands. Ce n’est ni plus compliqué ni plus simple. Simplement, je m’installe à mon étage intérieur d’adulte alors que quand j’écris pour les enfants, je rejoins mon étage intérieur correspondant à mes lecteurs : j’ai cinq ans ou huit ans ou treize ans, selon…

Vous souvenez-vous de vos lectures préférées lorsque vous étiez enfant ?

F.G. : J’ai adoré le Club des Cinq, Fantômette, Jules Verne, et Tintin. Je mélangeais les livres adultes et jeunesse. Je suis très reconnaissante à mon père qui, dès qu’il découvrait un livre intéressant, me le faisait lire. Nous discutions beaucoup de nos lectures.

J’écrivais pour la Fête des Mères une pièce de théâtre que nous jouions mes sœurs et moi pour lui faire plaisir. C’était un grand moment. J’écrivais aussi des poèmes (très bêtes) et je tenais mon journal intime avec beaucoup de conviction. J’étais persuadée que mes réflexions étaient très intelligentes et qu’il fallait les fixer pour qu’elles ne se perdent pas. Plus tard, j’ai relu ces cahiers et c’était vraiment rigolo de rencontrer la petite fille que j’étais et de découvrir combien … elle se prenait au sérieux !

Où trouvez-vous généralement vos idées d’histoire ?

F.G. : L’inspiration vient d’un mélange : ma propre histoire, celles qui m’ont été rapportées par des personnes de mon entourage (j’adore questionner les gens sur leur vie) ou de purs produits de mon imagination. 

Dans La mansarde , je m’étais inspirée d’un épisode de mon adolescence. Nous étions quatre filles en classe de seconde au lycée. La mère d’une d’entre nous nous avait cédé une mansarde (dans un immeuble parisien, il s’agit d’une petite chambre sous les toits) pour les réunions de notre « club ». Vous vous rendez compte ? Une pièce sous les toits, complètement indépendante des parents,  où nous pouvions bavarder, nous confier nos secrets, faire de la musique, organiser la décoration… 

Dans le roman, un des personnages  trahit le secret d’un autre. Et l’histoire se complique alors, comme vous pouvez l’imaginer. 

Quand le roman a été publié, une de ces anciennes amies m’a écrit pour me dire qu’elle se reconnaissait dans « le traître » et m’en voulait à mort. J’ai beaucoup regretté de lui avoir fait de la peine. En vérité, l’imagination avait pris le pas sur le souvenir : si le cadre de mon histoire était authentique, ses développements étaient totalement fabriqués. Les histoires peuvent être dangereuses…

Combien de temps passez-vous à écrire un livre ? 

F.G. : Le temps d’écriture d’un livre varie non seulement en fonction de sa longueur mais aussi de son dynamisme. Certaines histoires s’écrivent à toute vitesse ; d’autres « résistent » et il m’est arrivé d’écrire plusieurs versions d’un roman avant d’en être satisfaite.

J’écris le plus souvent à la campagne où je passe beaucoup de temps. Installée dans une mezzanine face à un grand Velux derrière lequel un sapin géant me tient compagnie. Je n’ai pas de rituel particulier mais je redoute qu’on me dérange car je suis très concentrée. Si quelqu’un survient et me détourne de mon travail, j’ai peur que « l’idée » ne s’enfuie. Pffff… disparue !

Je n’ai jamais abandonné un livre en cours  mais je peux connaître « des pannes » d’inspiration. Dans ce cas,  je laisse le texte reposer comme une pâte à tarte et j’y reviens plus tard. C’est une bonne méthode ; entre-temps, l’inspiration a repoussé.

Rencontrez-vous parfois vos lecteurs ? À quelle occasion ? 

F.G. : Depuis plus de vingt ans, je rencontre régulièrement mes lecteurs en intervenant dans les établissements scolaires, les bibliothèques, ou lors des salons du livre. C’est toujours très intéressant, car leurs réactions et questions sont enrichissantes pour moi. Et surprenantes ! Car ils interprètent mes histoires et y voient souvent un sens que je n’ai pas prévu.

Des lecteurs témoignent que leurs propres expériences ont croisé celles de mes personnages.

Ainsi d’une jeune fille qui me confiait qu’elle aussi gardait dans sa poche un petit objet fétiche à la manière d’une héroïne d’un de mes romans qui ne se séparait jamais d’une petite poupée russe.

Un autre lecteur m’a raconté que lui aussi détestait qu’on le force à manger ce qu’il n’aimait pas et qu’à la lecture du livre C’est la soupe à la grimace, il avait convaincu ses parents de renoncer à lui infliger les haricots verts…


Merci Françoise d’avoir consacré du temps à Lire-Lire !

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